Au cours de ma longue carrière, j’ai eu le plaisir de travailler presque exclusivement avec des adolescents et des jeunes, à la fois comme collègues et comme clients. J’aime l’énergie, l’enthousiasme, l’optimisme, les idées et la curiosité des jeunes. J’ai beaucoup appris d’eux, et j’espère qu’ils ont appris de moi. Mais ce qui m’apparaît de plus en plus clairement, ce sont les sentiments de frustration de plus en plus intenses qu’éprouvent les jeunes à l’idée d’être relégués au second plan ou banalisés, de ne pas être écoutés sérieusement, de ne pas être traités comme des professionnels, et l’impatience que suscite le statu quo. Récemment, un vieil ami et moi parlions de son expérience d’étudiant, de son travail bénévole pour une organisation qui luttait contre la faim et la pauvreté dans le monde, et de la frustration qu’il ressentait encore aujourd’hui : « Si les adultes s’étaient simplement écartés de notre chemin, nous aurions pu accomplir de réels progrès ». Nous en avons bien ri car, en réalité, peu de choses ont changé.